Précarité et isolement social : la jeunesse surreprésentée

L’avenir, c’est la jeunesse. Un adage que nous avons tous et toutes entendu de la part de nos aînés, porteur d’espoir et de promesses. Pourtant, derrière cette vision optimiste se cache une réalité qui l’est un peu moins. En effet, ces dernières années, la jeunesse semble en proie à une situation inquiétante, marquée par une précarité croissante et un isolement grandissant.

Si la jeunesse a toujours été synonyme de renouveau, d’énergie et d’aspirations, elle se trouve aujourd’hui confrontée à des défis majeurs sur le plan économique et de la santé mentale qui remettent en question cette vision idéalisée du futur. Inflation galopante, coût de la vie qui s’alourdit, logements inaccessibles, anxiété, peur de l’avenir… tous ces éléments sont des contraintes qui pèsent sur la jeunesse

Ainsi, les jeunes adultes de 18 à 30 ans se trouvent de plus en plus à la marge, fragilisés par des conditions de vie qui les empêchent de s'épanouir pleinement. Mais d’où vient cette situation ? Est-ce un phénomène générationnel ou un signe d’un malaise plus profond dans nos sociétés contemporaines ? Et surtout, quelles solutions peuvent permettre à cette jeunesse de se réapproprier son avenir et de sortir de ce cercle vicieux ?

Cet article propose de répondre à ces interrogations en explorant les causes et les conséquences de cette précarité croissante, ainsi que les pistes de réflexion pour sortir de l'impasse.

La précarité et la pauvreté chez les jeunes en France : des chiffres en constante augmentation

Quand on est jeune, on mange des pâtes. C’est la blague jeune étudiante par excellence. Mais derrière cela, il se cache une vaste réalité de données qui n’ont pas vraiment de quoi faire rire.

En 2017, un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire (en 2017) avec moins de 965€ par mois. Selon la Drees, six ans plus tard, en 2023, c’est un jeune sur quatre, soit une augmentation de 10%. Finalement, en 20 ans, le taux de pauvreté des 18-25 ans a augmenté de 50%

Cela s’explique par l’accès tardif et difficile aux aides sociales – par exemple, l’âge minimum pour toucher le RSA est de 25 ans. Mais aussi par la succession d’emplois précaires, sans perspective d’évolution lors des premières années d’insertion professionnelle. 

Cette précarité voire cette pauvreté impacte la manière de relationner, de s’inscrire et de se projeter au sein de la société pour les jeunes. Difficile d’aider les autres et de se sentir appartenir quand on ne sait pas ce que l’avenir réserve. 

Pauvreté et isolement social chez les jeunes : un lien étroit

Le lien entre pauvreté et isolement est réel. Les chiffres sont éloquents. D’après la Fondation de France, en 2017, sur 5 millions de personnes en “situation de solitude”, 2 millions avaient entre 15 et 30 ans.

En d’autres termes, 18% de cette population se disaient “vulnérables socialement, ne rencontrant physiquement et ne passant du temps avec d’autres personnes que très rarement”.

De fait, les 18-29 ans sont 70% à faire part de leur mal-être. Ce mal-être va de l’angoisse occasionnelle aux pensées suicidaires et impacte la santé mentale et physique des jeunes. 

Ces difficultés émotionnelles sont exacerbées par l'isolement social, un facteur central dans la dégradation de la santé mentale et physique des jeunes. L'isolement social n'est donc pas seulement une question de solitude physique, mais aussi un enjeu majeur de santé publique et de cohésion sociale.

Le mal logement des jeunes : un frein à la socialisation et l'émancipation

Le rapport sur les solitudes des jeunes de la Fondation de France indique que les jeunes isolés sont en grande partie insatisfaits de leur condition de logement.

Que leur logement soit trop petit, insalubre, trop cher, tous ces critères impactent la sociabilité puisque le logement est un lieu privilégié de sociabilité (accueil des amis et de la famille, partage de moments festifs et intimes, etc.).

A cela s’ajoute le fait qu’une grande partie de la jeunesse est célibataire et ne peut donc mutualiser les dépenses liées au logement.

En plus, les jeunes louent sur le parc locatif privé qui est maintenant caractérisé par des prix élevés sans pour autant avoir accès aux logements sociaux. Du fait de ces charges-là, les jeunes auront tendance à réaliser des compromis sur la qualité du logement.

Pour ceux qui n’ont pas quitté le foyer familial, la situation n’est pas forcément plus confortable. D’abord, il est encore une fois plus difficile de recevoir (moments festifs, intimes, etc.). Ensuite, cette situation impacte l’estime de soi puisque l’acquisition d’un logement est perçue comme une indépendance, une autonomisation, en d’autres termes, comme une source de fierté.

Quels sont les effets et impacts de l’isolement social sur la jeunesse

Jeunes isolés : moins diplômés, plus vulnérables face à l’échec scolaire

Comme souvent, les causes sont imbriquées. L’isolement joue définitivement un rôle sur la réussite scolaire et/ou professionnelle.

En effet, les jeunes isolés sont moins diplômés que le reste des jeunes.

Toujours selon le même rapport de la Fondation de France, 50% des jeunes sont diplômés du Bac ou plus contre 42% pour les jeunes isolés. 13% des jeunes isolés n’ont aucun diplôme, contre 8% des jeunes dans leur ensemble.

Il semblerait que l’isolement impacte la capacité à étudier, ce qui en plus de placer les jeunes dans une précarité, les prive d’un réseau de sociabilité important : les camarades de classe.

In fine, les personnes peu ou non diplômées ressentent plus de solitude.

Les effets invisibles de l’isolement des jeunes : Estime de soi, confiance et engagement démocratique

L’isolement joue sur l'estime de soi. Les jeunes isolés sont souvent moins fiers d’eux et plus critiques envers eux-mêmes. Selon la Fondation de France, c’est 17 points de moins comparé à l’ensemble des 15-30 ans. 

Les jeunes isolés se sentent aussi moins à l’aise avec les gens de leur âge avec lesquels ils ressentent un décalage.

Ils sont aussi moins à l’aise à l’idée d’exprimer leurs opinions. Quid de la démocratie ? Ne pas exprimer son opinion pose de sérieuses questions quant à la vie démocratique. Et de fait, toujours selon la Fondation de France, 32% des jeunes isolés pensent qu’aucune forme de participation à la vie publique n’est efficace (vote, bénévolat, vie de quartier, etc.).

Lutter contre l’isolement social de la jeunesse c’est donc retisser du lien social et démocratique. Ce sujet est central dans un contexte de crise démocratique et des actions comme celles d’Entourage, visent à briser ce cercle vicieux et faire communiquer les gens entre eux. 

En conclusion

De l’estime de soi à la confiance en autrui, il n’y a qu’un pas. Et effectivement, 36% des jeunes isolés disent pouvoir faire confiance à autrui contre 48% du reste des 15-30 ans. L’entourage joue un rôle déterminant dans la capacité à se tourner vers les autres et les jeunes isolés, particulièrement ceux ayant connu une absence ou une défaillance au sein de la cellule familiale sont nombreux à ne pas faire confiance. 

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